Escapade hivernale en Laponie : Flocons & Photons


La nuit est passée, noire et glacée,
les flocons sont tombés, les eaux se sont figées,
lacs et forêts parés de blanc attendent désespérément le printemps.
Le soleil brille de mille feux mais ses rayons chauffent trop peu.
La vie pourtant s’accroche, s’enterre, s’endort, dans l’attente du redoux salvateur. Quelques irréductibles ne semblent toutefois pas tomber dans cette profonde torpeur.
Les sizerins animent les saules dégarnis, les cincles égayent les eaux vives et transies, les cygnes chanteurs glissent majestueusement sur le glacis.
Leur ballet continue ainsi tout le jour jusqu’à ce que la nuit de nouveau les entoure.
Le froid revient alors de plus belle, il mord, sidère, congèle.
Il fige les sols, écartèle les nues et les astres scintillent bientôt par milliers au-dessus de la forêt pétrifiée.
Mais l’obscurité, pourtant bien installée, se met soudain à vaciller.
De l’horizon point une douce clarté, aussi étrange qu’espérée.
Par-delà la taïga et la toundra, une couleur mordorée vient à se lever.
Se dressant vers le zénith, elle prend soudain vie et s’agite.
Bientôt, un serpent de vert, de pourpre et d’or fouette la voûte astrale, la magie céleste s’emballe.
Bombardant la magnétosphère, les électrons et protons solaires fondent sur notre précieuse ionosphère.
Excitant les atomes, ils trouvent leur salut dans ce bal photonique, voguant à jamais dans les cieux électriques.
Filant entre les couches atomiques aux densités variables et éclectiques, la draperie se meut tel un dragon de feu.
Et la magie opère vite dans les mirettes du néophyte.
Si bien et si fort que l’on s’en sent bouleversé, subjugué par ses drapés endiablés, ses frises multicolores qui jamais ne se figent, jusqu’à nous en donner le vertige.
Bigre, que c’est beau, j’aurais tant voulu que tu voies cela mais tu n’es malheureusement plus là.
Pourtant, là-haut, j’aime à penser que tu en profites chaque nuitée, depuis les doux rivages de la mer de Ptolémée. Et si tel n’est pas le cas, sache que tu vivras toujours en moi, jusqu’à ce qu’à mon tour je passe de vie à trépas.

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